LE SECRET DE PAPIER

 
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PRÉFACE

Après vingt ans de voyage autour du monde, un tout petit village, on se demande si un jour quelqu’un a dessiné ses reliefs sur une carte. Son nom France, comme le grand pays, comme pour nous égarer dans son palimpseste, et brouiller toute velléité de recherche. Là- bas, se cultive le sentiment de l’enfant qui cache des jouets plein son lit en attendant que les rêves l’emportent. Là-bas il y a le monde entier pour celui qui sait s’arrêter.

La maison de mon enfance n’avait pas de barrière dans le jardin, c’était l’infini mystérieux de la forêt, et la buée de mes souvenirs... Les coups de fils aux pompiers quand la pinède s’est embrasée, endormi au bord du lac, le réveil crépusculaire et la peur du sanglier, le brame et le fracas nocturne entre les bois. Le corps du cheval qui fume, l’hiver, le reflet d’arbres dans les trous d’eau, dont les racines se déforment comme les zig-zags de couteaux polynésiens. Voir passer l’oiseau me renvoyait à ma petitesse d’être humain, mon impossibilité d’aile. C’est un bonheur d’être limité, cela nous ouvre à la nécessité d’imaginaire.

Il s’agissait de s’adresser à l’enfant, celui au grands yeux et celui qui vit encore en chacun de nous. On a ouvert la page, il était déjà là ce paysage enneigé, alors on a décidé de l’inventer. On transporte le chemin, l’assemble et le désassemble, dans ces forêts, labyrinthes du bout d’un monde. Même l’hiver je tends la main pour recevoir une feuille à peine morte, les graines sèches et enfermées, nous livrerons le trésor de leur résonance comme une renaissance.

Voir avec des yeux nouveaux, stopper le carnaval ridicule de nos inquiétudes, et nous réconcilier avec notre insignifiance. C’est un don extraordinaire, « Etirer l’éphémère à l’infini », et marcher avec la foule invisible.

Il y a l’idée de compassion, un regard. On ne demande pas plus que ça, un regard, pour finalement ne pas s’empêcher d’aller à la rencontre de l’autre. C’est la même chose avec le monde, se donner la possibilité d’imaginaire fait parti de la même famille. S’arrêter un instant pour regarder, se laisser submergé par la beauté du monde en cessant de le dominer, c’est trouver sa place.

Ce soir ils ont laissé se figer les feux d’artifice dans le ciel, je ne sais ce qu’ils diront. Des Syriens dans une barque, tout s’est brisé, la maison détruite, l’école détruite, les routes ont la varicelle, et on a fui pour nourrir nos enfants. Dans notre histoire ils meurent dans les flots de l’océan, mais survivent dans d’autres mondes, comme ça même aux bourreaux on offre le paradis. Et pourtant, ils sont bien là, cette gentille famille syrienne, comme mon petit garçon qui court en criant papa. Lui qui est le fruit des amours de l’exode qui a l’arrivé des nazis avait poussé ses grands parents dans les bras l’un de l’autre.

La nature nous regarde, et le renard nous ouvre ses bras.

 

Nicolas Henry

 

 

PRÉLUDE

Le Secret de Papier est un hommage à la créativité, au rêve, à l’amour et au lâcher-prise.

La Page Blanche a été mon guide généreux tout au long de cette création. Il est important pour moi de partager son secret, celui qui ouvre tous les chemins du rêve et de l’imaginaire. Dans les sillons de cette quête, des être merveilleux m’ont accompagnée.

J’aimerais nommer Nicolas Henry qui a dit ‘oui’ à ce projet. Il a habité cet univers onirique avec élégance, talent, sincérité et humanité.

Il a fait renaître, au coeur de ses photographies, la terre mère, ses paysages, ses animaux et ses esprits.

Ce livre appartient à la page blanche, à l’arbre, à la terre . Vous entendrez les battements de son coeur en écoutant la musique qui l’accompagne.

Le Secret de Papier se transmet par l’oralité. Il chante, il raconte.

C’est pourquoi vous trouverez au fil des pages, ce petit dessin, , vous invitant à écouter les chansons figurant dans la partie numérique jointe au livre.

D’autres êtres merveilleux m’ont accompagnée vers la naissance de cette création : les musiciens, les magiciens des notes, des rythmes et des mélodies qui font danser les âmes.

Parmi eux, Stanislas Pierrel, mon mari a composé et sculpté les musiques autour des mots et des images.

Il y a Philippe Pipon Garcia, un être habité par les percussions, un être qui, sous ses vibrations, relie le Secret de Papier à la terre.

Il y a Manuel Rangel qui a su ancré le sacré avec ses Maracas et son immense talent. Il a composé Secreto de Papel sous l’arbre de la sagesse de notre maison.

Le Secret de Papier vous attend.

 

Nadine Marchal